Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/490

Cette page a été validée par deux contributeurs.

SOCRATE.

Peut-être, mon cher, serais-tu tombé en bien d’autres embarras, si en outre on t’eût demandé si on peut savoir la même chose d’une manière aiguë et d’une manière obtuse ; de près et de loin, fortement et faiblement, et mille autres questions semblables que t’aurait proposées un champion exercé à la dispute, vivant de ce métier, et toujours à l’affût de pareilles subtilités, lorsqu’il t’aurait entendu dire que la science et la sensation sont la même chose, et si, te jetant sur ce qui regarde l’ouïe, l’odorat et les autres sens, et s’attachant à toi sans lâcher prise, il t’eût fait tomber dans les pièges de son admirable savoir, et que, devenu maître de ta personne et te tenant enchaîné, il t’eût obligé à lui payer une rançon dont vous seriez convenus ensemble. Eh bien donc, me diras-tu peut-être, quelles raisons Protagoras alléguera-t-il pour sa défense ? Veux-tu que je tâche de les exposer ?

THÉÉTÈTE.

Volontiers.

SOCRATE.

D’abord il fera valoir tout ce que nous avons dit en sa faveur ; ensuite, venant lui-même à notre rencontre, il nous dira, je pense, d’un ton méprisant : C’est donc ainsi que l’honnête