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choses, et qui cependant n’ont aucune honte de ce qu’ils craignent. N’es-tu pas de cet avis ?

Euthyphron.

Tout-à-fait.

Socrate.

Au contraire, la peur suit toujours la honte ; car y a-t-il un homme à qui [12c] le sentiment d’une action honteuse ne fasse craindre la mauvaise réputation, qui en est la suite ?

Euthyphron.

Assurément, pas un.

Socrate.

Il n’est donc pas vrai de dire : La honte est compagne de la peur ; mais il faut dire : La peur est compagne de la honte ; car il est faux que la honte se trouve partout où est la peur : la peur a plus d’étendue que la honte. La honte est à la peur ce que l’impair est au nombre. Partout où il y a un nombre, là ne se trouve pas nécessairement l’impair ; mais partout où est l’impair là se trouve nécessairement un nombre. M’entends-tu présentement ?

Euthyphron.

Fort bien.

Socrate.

Eh bien ! c’est ce que je te demandais tout-à-l’heure, si le saint et le juste [12d] marchent toujours ensemble ; ou si partout où est le saint, là