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seulement qu’il y a des choses justes qui sont saintes, et d’autres qui ne le sont pas ?

EUTHYPHRON.

Je ne te suis pas bien, Socrate.

SOCRATE.

Cependant tu as sur moi deux grands avantages, la jeunesse et l’habileté : mais, comme je te le disais tout-à-l’heure, bienheureux Euthyphron, tu te reposes dans ta sagesse. Je t’en prie, secoue cette mollesse ; ce que je te dis n’est pas bien difficile à entendre, c’est tout simplement le contraire de ce qu’avance un poète :

Tu n’oses pas chanter Zeus, qui a créé et ordonné
cet univers : la honte est compagne de la peur.[1]

Je ne suis point du tout d’accord avec ce poète : te dirai-je en quoi ?

EUTHYPHRON.

Oui, tu m’obligeras.

SOCRATE.

Il ne me paraît point du tout vrai que la honte accompagne toujours la peur ; car il me semble qu’on voit tous les jours des gens qui craignent les maladies et la pauvreté, et beaucoup d’autres

  1. L’auteur, quel qu’il soit, des Chants Cypriens ; l’opinion la plus générale attribue ces chants à Stanisus, de Cypre.