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donc courage et patience ; réponds librement et hardiment ce qui te paraîtra vrai sur ce que je te demanderai.

THÉÉTÈTE.

Tu n’as qu’à interroger.

SOCRATE.

Dis-moi donc, je te le demande de nouveau, si tu es de ce sentiment, que ni le bon, ni le beau, ni aucun des objets dont nous venons de faire mention, n’est dans l’état fixe d’existence, mais toujours en voie de génération.

THÉÉTÈTE.

Lorsque tu l’exposes, il me paraît merveilleusement fondé en raison, et je pense qu’on doit prendre tes paroles pour la vérité.

SOCRATE.

Ne négligeons donc pas ce qui nous en reste à expliquer. Or, nous avons encore à parler des songes, des maladies, de la folie surtout, et de ce qu’on appelle entendre, voir, sentir de travers. Tu sais sans doute que tout cela est regardé comme une preuve incontestable de la fausseté du système dont nous venons de parler ; puisque les sensations qu’on éprouve en ces circonstances sont tout-à-fait menteuses, et que, bien loin que les choses soient alors telles qu’elles paraissent à chacun, tout au contraire, rien de ce qui paraît être n’est en effet.