Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/462

Cette page a été validée par deux contributeurs.

blancheur, et devient non pas blancheur, mais blanc, soit que ce qui reçoit la teinte de cette couleur soit du bois, de la pierre, ou toute autre chose. Il faut se former la même idée de toutes les autres qualités, telles que le dur, le chaud, et ainsi du reste ; et concevoir que rien de tout cela n’est tel en soi, comme nous disions tout-à-l’heure, mais que toutes choses sont produites avec une diversité prodigieuse dans le mélange universel, qui est une suite du mouvement. En effet, il est impossible, disent-ils, de se représenter d’une manière fixe aucun être sous la qualité d’agent ou de patient : parce que rien n’est agent avant son union avec ce qui est patient, ni patient avant son union avec ce qui est agent ; et ce qui dans son concours avec un certain objet est agent, devient patient à la rencontre d’un autre objet : de façon qu’il résulte de tout cela, comme il a été dit au commencement, que rien n’est un absolument, que chaque chose n’est qu’un rapport qui varie sans cesse, et qu’il faut retrancher partout le mot être. Il est vrai que nous avons été contraints de nous en servir souvent tout-à-l’heure à cause de l’habitude et de notre ignorance ; mais le sentiment des sages est qu’on ne doit pas en user, ni dire en parlant de moi ou de quelque autre,