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de tout reproche, mais il n’en sera pas ainsi de l’âme[1].

THÉÉTÈTE.

Cela est vrai.

SOCRATE.

Si donc nous étions habiles et savans l’un et l’autre, et que nous eussions épuisé l’examen de ce qui se passe dans l’âme, il ne nous resterait plus qu’à essayer nos forces, pour nous divertir, dans des disputes à la manière des sophistes, réfutant de part et d’autre nos discours par d’autres discours. Mais comme nous sommes ignorans, nous prendrons sans doute le parti d’examiner avant tout ce que nous avons dans l’âme, pour voir si nos pensées sont d’accord entre elles, ou non.

THÉÉTÈTE.

Sans contredit ; c’est ce que je souhaite.

SOCRATE.

Et moi aussi. Cela étant, et puisque nous en avons tout le loisir, ne considérerons-nous pas à notre aise, et sans nous fâcher, mais pour faire l’essai de nos forces, ce que peuvent être toutes

  1. Allusion au fameux vers de l’Hippolyte d’Euripide : La langue a juré, mais l’âme n’a pas fait le serment. Hipp. v. 612.