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étrange, c’est seulement en vertu de ce principe : Tout est en mouvement, que l’on conclut que la science est la sensation ; et cependant c’est précisément en vertu de ce principe qu’il est impossible de dire que la science est la sensation ; car on ne peut pas plus dire qu’une sensation existe qu’elle n’existe pas. En effet, la sensation est un rapport de l’être sentant à la chose sensible ; et la chose sensible et l’être sentant n’étant pas, à parler rigoureusement, mais changeant et s’altérant sans cesse dans un perpétuel mouvement ; là où les deux termes n’ont pas de réalité fixe, leur rapport n’en peut avoir davantage, et se trouve dans une impuissance absolue de fonder aucune définition légitime. La science n’est donc pas plus science que la sensation n’est sensation, que l’être sentant n’est identique à lui-même, et la chose sensible identique à elle-même. La variabilité la plus absolue, le changement et la contradiction sont les lois de ce monde.