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SUR LE CRITON.

cette phrase, d’abord une proposition générale, puis un développement à cette proposition par trois incises, puis enfin un résumé qui reproduit la proposition tout entière. J’entends donc par τὸ δὴ τελευταῖον τουτὶ ὥσπερ κατάγελως τῆς πράξεως, la troisième partie de l’énumération des causes qui couvriront de ridicule Socrate et ses amis, et la force grammaticale de τουτὶ me fait croire qu’il s’agit de la chose présente, savoir du refus de Socrate de s’échapper, refus certainement étrange, et plus étrange que tout le reste aux yeux de Criton, homme un peu grossier, αἰσθητικός. Après πράξεως je suppose une de ces ἀναϰολουθίαι si fréquentes dans Platon, et je prends δοϰεῖν absolument, pour δόξει, ὡς δοϰεῖν, et le ὡς se sous-entend fréquemment : de sorte que l’on croira.... et l’on croira.... Oui ; on va croire que, etc. Cependant je dois avouer que je n’ai pas réussi à convaincre M. Boissonnade, auquel j’ai soumis cette explication, et peut-être n’en suis-je pas moi-même entièrement satisfait ; mais je la préfère encore à l’inadmissible inconvénient de rapporter δοϰεῖν à τουτὶ. On me pardonnera de n’avoir pas discuté le sens que les traducteurs français donnent à τὸ τελευταῖον τοὺτι, savoir, l’arrêt qui condamne Socrate, comme s’il y avait là quelque chose de risible, et qu’on pût reprocher à Socrate ou à ses amis !

Reste à examiner les divers membres de cette phrase.