chacun à votre tour, quand le temps sera venu. Pour moi, la destinée m’appelle aujourd’hui, comme dirait un poète tragique ; et il est à-peu-près temps que j’aille au bain, car il me semble, qu’il est mieux de ne boire le poison qu’après m’être baigné, et d’épargner aux femmes la peine de laver un cadavre.
Quand Socrate eut achevé de parler, Criton prenant la parole : à la bonne heure, Socrate, lui dit-il, mais n’as-tu rien à nous recommander, à moi et aux autres, sur tes enfans, ou sur toute autre chose où nous pourrions te rendre service ?
Ce que je vous ai toujours recommandé, Criton ; rien de plus : ayez soin de vous ; ainsi vous me rendrez service, à moi, à ma famille, à vous-mêmes, alors même que vous ne me promettriez rien présentement ; au lieu que si vous vous négligez vous-mêmes, et si vous ne voulez pas suivre comme à la trace ce que nous venons de dire, ce que nous avions dit il y a long-temps, me fissiez-vous aujourd’hui les promesses les plus vives, tout cela ne servira pas à grand’chose.
Nous ferons tous nos efforts, répondit Criton, pour nous conduire ainsi ; mais comment t’ensevelirons-nous ?
Tout comme il vous plaira, dit-il, si toute-