Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/317

Cette page a été validée par deux contributeurs.

la plus grande de toutes, qui passe tout au travers de la terre ; c’est celle dont parle Homère, quand il dit :[1]

Bien loin, là où sous la terre est le plus profond abîme ;


et que lui-même ailleurs, et beaucoup d’autres appellent le Tartare. C’est là que se rendent, et c’est de là que sortent de nouveau tous les fleuves, qui prennent chacun le caractère et la ressemblance de la terre sur laquelle ils passent. La cause de ce mouvement en sens contraire, c’est que le liquide ne trouve là ni fond ni appui ; il s’agite suspendu, et bouillonne sens dessus dessous ; l’air et le vent font de même tout à l’entour, et suivent tous ses mouvemens et lorsqu’il s’élève et lorsqu’il retombe ; et comme dans la respiration, où l’air entre et sort continuellement, de même ici l’air, emporté avec le liquide dans deux mouvemens opposés, produit des vents terribles et merveilleux, en entrant et en sortant. Quand donc les eaux s’élançant avec force, arrivent vers le lieu que nous appelons le lieu inférieur, elles forment des courans qui vont se rendre, à travers la terre, vers des lits de fleuves qu’ils rencontrent, et qu’ils remplissent comme avec une

  1. Iliade, liv. VIII, v. 14.