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même génie qui a été chargé de lui pendant sa vie, le conduit dans un certain lieu où les morts se rassemblent pour être jugés avant d’aller dans l’autre monde avec le même conducteur auquel il a été ordonné de les conduire d’ici jusque-là, et après qu’ils ont reçu là les biens ou les maux qu’ils méritent, et qu’ils y ont demeuré tout le temps prescrit, un autre conducteur les ramène dans cette vie après de longues et nombreuses révolutions de siècles. Ce chemin n’est pas tel que Télèphe[1] le décrit dans Eschyle ; car il dit que le chemin qui conduit à l’autre monde est simple : et il me paraît qu’il n’est ni unique ni simple ; s’il l’était, on n’aurait pas besoin de guides ; il est impossible de se tromper de chemin, quand il n’y en a qu’un : au contraire, il paraît qu’il a plusieurs détours et plusieurs traverses, comme je le conjecture de ce qui se pratique dans nos sacrifices et dans nos cérémonies religieuses. L’âme tempérante et sage suit volontiers son guide, et avec la conscience du sort qui l’attend, mais celle qui tient à son corps par ses passions, comme je le disais précédemment, y reste long-temps attachée ainsi qu’au monde visible, et ce n’est qu’après beaucoup de résistances et beaucoup de

  1. Télèphe, nom d’une tragédie perdue, d’Euripide.