Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/296

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Ainsi Simmias est appelé à-la-fois petit et grand, et il est entre les deux, surpassant la petitesse de l’un par la supériorité de sa grandeur, et reconnaissant à l’autre une grandeur qui surpasse sa petitesse. Et se mettant à rire en même temps : En vérité, dit-il, j’ai bien l’air de m’exprimer avec toute l’exactitude d’un greffier, mais enfin la chose est ainsi.

Cébès en convient.

Et j’appuie là-dessus parce que je voudrais te voir de mon opinion. Car il me semble que non-seulement la grandeur ne peut jamais être en même temps grande et petite, mais encore que la grandeur qui est en nous n’admet point la petitesse et ne peut être surpassée ; car de deux choses l’une, ou la grandeur s’enfuit et se retire à l’approche de son contraire qui est la petitesse, ou elle cesse d’exister quand l’autre survient ; mais jamais si elle demeure et reçoit la petitesse, elle ne pourra pour cela vouloir être autre chose que ce qu’elle était : ainsi, par exemple, après avoir admis la petitesse, je n’en suis pas moins le même que j’étais auparavant, avec cette seule différence que je suis le même, petit. La grandeur ne peut être petite en même temps qu’elle est grande, et de même la petitesse qui est en nous n’empiète jamais sur la grandeur ; en un mot, aucun des contraires pen-