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bien encore que si deux coudées sont plus qu’une coudée, c’est à cause de la coudée en sus, et non pas à cause de la grandeur ? car il y a même sujet de crainte.

Bien certainement.

Mais quoi ! ne ferais-tu pas difficulté de dire que si l’on ajoute un à un, c’est alors l’addition qui est la cause du multiple deux, ou que, si l’on partage un en deux, c’est la division ? ou plutôt n’affirmerais-tu pas hautement que tu ne connais d’autre cause de chaque phénomène que leur participation à l’essence propre à la classe à laquelle chacun d’eux appartient ; et qu’en conséquence tu n’imagines pas d’autre cause du multiple deux que sa participation à la duité, dont participe nécessairement tout ce qui devient deux, comme tout ce qui devient un, participe de l’unité ? N’abandonnerais-tu pas les additions, les divisions et toutes les autres subtilités de ce genre, laissant à de plus savans à asseoir sur de pareilles bases leurs raisonnemens, tandis que pour toi, arrêté, comme on dit, par la peur de ton ombre et de ton ignorance, tu t’en tiendrais au solide principe que nous avons établi ? Que si l’on venait l’attaquer, ne laisserais-tu pas cette attaque sans réponse, jusqu’à ce que tu eusses examiné toutes les conséquences qui dérivent de ce principe, et re-