Oui.
Tu ne serais donc pas de l’avis de celui qui prétendait qu’un homme est plus grand qu’un autre de toute la tête, et que cet autre est aussi plus petit d’autant ? mais tu soutiendrais que tout ce que tu veux dire, c’est que toutes les choses qui sont plus grandes que d’autres, ne sont plus grandes que par la grandeur, et que c’est elle seule, la grandeur en elle-même, qui en est la cause ; et de même, que les petites choses ne sont plus petites que par la petitesse, la petitesse étant la cause spéciale de ce qu’elles sont petites. Et tu soutiendrais cette opinion, j’imagine, dans la crainte d’une objection embarrassante ; car si tu disais qu’un homme est plus grand ou plus petit de toute la tête, on pourrait te répondre d’abord que le même objet ferait la grandeur du plus grand, et la petitesse du plus petit ; et ensuite que c’est à la hauteur de la tête, qui pourtant est petite en elle-même, que le plus grand devrait sa grandeur ; et il serait en effet merveilleux qu’un homme fût grand par quelque chose de petit. N’aurais-tu pas cette crainte ?
Sans doute, dit Cébès en riant.
Ainsi, ne craindrais-tu pas de dire que si dix est plus que huit de deux, c’est à cause de deux, et non pas à cause de la quantité ; ou