dise que si je n’avais ni os ni muscles, et autres choses semblables, je ne pourrais faire ce que je jugerais à propos, à la bonne heure ; mais dire que ces os et ces muscles sont la cause de ce que je fais, et non pas la détermination de ma volonté et le choix de ce qui est meilleur, et dire qu’en cela je me sers de l’intelligence, voilà qui est de la dernière absurdité ; car c’est ne pouvoir pas faire cette différence, qu’autre chose est la cause, et autre chose ce sans quoi la cause ne serait jamais cause ; et c’est pourtant cette condition extérieure du développement de la cause que la plupart des hommes, qui marchent à tâtons comme dans les ténèbres, prennent pour la cause elle-même, et appellent de ce nom, qui lui convient si peu. Voilà pourquoi l’un environne la terre d’un tourbillon[1] produit par le ciel, et la suppose fixe au centre ; l’autre la conçoit comme une large huche, à laquelle il donne l’air pour base[2] : mais quelle puissance a ainsi disposé toutes ces choses le mieux possible ? c’est à quoi ils ne songent point ; ils ne reconnaissent pas là la trace d’une force supérieure, et croient trouver un Atlas plus fort, plus immortel et plus capable de soutenir le monde ! et le principe essentiel du
Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/288
Cette page a été validée par deux contributeurs.