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mouvemens, de leurs révolutions et de tout ce qui leur arrive, et comment c’est pour le mieux que chacun de ces astres remplit la tâche qu’il a à remplir ; car je ne croyais pas qu’après avoir avancé que c’est l’intelligence qui les a ordonnés, il pût alléguer une autre cause de leur ordre réel que sa bonté et sa perfection. Et je me flattais qu’après m’avoir assigné cette cause et en général et en particulier, il me ferait connaître en quoi consiste le bien de chaque chose en particulier, et le bien commun à toutes. Je n’aurais pas donné pour beaucoup mes espérances. Je me mis donc à l’ouvrage avec empressement : je lus ses livres le plus tôt que je pus, impatient de posséder la science du bien et du mal ; mais combien me trouvai-je bientôt déchu de ces espérances, lorsque, avançant dans cette lecture, je vis un homme qui ne fait aucun usage de l’intelligence, et qui, au lieu de s’en servir pour expliquer l’ordonnance des choses, met à sa place l’air, l’éther, l’eau et d’autres choses aussi absurdes ! Il me parut agir comme un homme qui d’abord dirait : Tout ce que Socrate fait, il le fait avec intelligence ; et qui ensuite, voulant rendre raison de chaque chose que je fais, dirait qu’aujourd’hui, par exemple, Je suis ici, assis sur mon lit, parce que mon corps est composé d’os et de nerfs ; que les os,