Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/284

Cette page a été validée par deux contributeurs.

qui devient deux, ou si c’est celui qui est ajouté et celui auquel il est ajouté qui ensemble deviennent deux, à cause de cette addition de l’un à l’autre ; car ce qui me surprend, c’est que, pendant qu’ils étaient séparés, chacun d’eux était un, et n’était pas deux, et qu’après qu’ils sont rapprochés, ils deviennent deux, parce qu’on les met l’un près de l’autre. De même quand on partage une chose, je ne puis pas comprendre davantage comment alors ce partage est la cause que cette chose devient deux ; car voilà une cause toute contraire à celle qui fait qu’un et un font deux : là, c’est parce qu’on les rapproche et qu’on les ajoute l’un à l’autre ; et ici, c’est parce qu’on les divise et qu’on les sépare l’un de l’autre. Bien plus, je ne me flatte pas même de savoir pourquoi un est un ; ni, en un mot, comment une chose quelconque naît, périt ou existe, du moins d’après les raisons physiques ; et j’ai pris le parti d’y substituer de moi-même d’autres raisons, celles-là ne pouvant absolument me satisfaire. Enfin, ayant entendu quelqu’un lire dans une livre, qu’il disait être d’Anaxagore, que l’intelligence est la règle et le principe de toutes choses, j’en fus ravi d’abord ; il me parut assez beau que l’intelligence fût le principe de tout. S’il en est ainsi, disais-je en