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vient que l’homme croît. Je pensais qu’il était clair à tout le monde que l’homme ne croît que parce qu’il boit et qu’il mange ; car, par la nourriture, les chairs étant ajoutées aux chairs, les os aux os, et ainsi dans une égale proportion toutes les autres parties à leurs parties similaires, il arrive que ce qui n’était d’abord qu’un petit volume, s’augmente, et que, de cette manière, un homme, de petit qu’il était, devient grand ; voilà ce que je pensais alors. Cela ne te paraît-il pas assez raisonnable ?

Assurément, dit Cébès.

Écoute la suite. Quand un homme debout, auprès d’un autre homme petit, me paraissait grand, je croyais suffisant de savoir qu’il avait la tête de plus que l’autre ; et ainsi d’un cheval auprès d’un autre cheval ; ou bien, ce qui est plus clair encore, dix me paraissaient plus que huit, parce qu’ils renferment deux de plus ; enfin, deux coudées me semblaient plus grandes qu’une coudée, parce qu’elles la surpassaient de moitié.

Et qu’en penses-tu maintenant ? dit Cébès.

Par Jupiter, reprit Socrate, je suis si éloigné de me faire seulement la moindre idée des causes d’aucune de ces choses, que je ne crois pas même savoir, quand on ajoute un à un, si c’est cet un auquel on en ajoute un autre