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que tu cherches se réduit à ce point : Tu veux qu’on démontre que l’âme est impérissable et immortelle, afin qu’un philosophe qui va mourir, et meurt avec courage, dans l’espérance d’être infiniment plus heureux dans l’autre monde, que s’il fût mort après avoir autrement vécu, ne soit pas la dupe d’une confiance insensée ; car montrer que l’âme a quelque chose de fort et de divin, qu’elle était avant que nous fussions nés, tout cela, selon toi, ne prouve pas qu’elle soit immortelle, mais seulement qu’elle est susceptible d’une longue durée, qu’elle a existé quelque part (qui sait combien de temps avant nous) ? qu’elle a pu savoir et faire beaucoup de choses, sans pour cela être encore immortelle ; et qu’il se peut très bien que son entrée dans un corps humain soit précisément pour elle le commencement de sa perte, une sorte de maladie qui se prolonge quelque temps dans les misères et les langueurs de cette vie, et finit par ce qu’on appelle la mort. Et peu importe, dis-tu, que l’âme vienne une ou plusieurs fois habiter le corps ; selon toi, cela ne peut changer rien à nos justes sujets de crainte : car, à moins qu’un homme ne soit fou, il a toujours de quoi craindre, tant qu’il ne sait pas, et ne peut donner aucune preuve certaine que l’âme est immortelle. Voilà, ce me semble,