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doit jamais être d’accord, c’est celui où il est question de l’harmonie.

Tu as raison, dit Simmias.

Celui-ci n’est pourtant pas d’accord, dit Socrate ; mais vois un peu laquelle tu préfères de ces deux propositions : ou que la science est une réminiscence, ou que l’âme est une harmonie.

Je préfère de beaucoup la première, Socrate ; car j’ai reçu la seconde sans démonstration, sur la vraisemblance et l’apparence, sources ordinaires des opinions de la plupart des hommes : mais pour moi, je suis convaincu que tout raisonnement qui ne s’appuie que sur la vraisemblance est rempli de vanité, et que, pour peu qu’on y prenne garde, il précipite en de graves erreurs, soit en géométrie, soit dans tout le reste. La doctrine de la réminiscence et de la science est fondée sur un principe solide, le principe que nous avons avancé plus haut, que notre âme existe nécessairement avant que d’entrer dans le corps, puisqu’elle a en elle, comme sa propriété, cet ordre de notions fondamentales qui constituent l’existence et en portent le nom. Pleinement convaincu de l’exactitude de ce principe, il faut, à ce qu’il paraît, que je n’écoute ni moi-même, ni aucun autre qui dira que l’âme est une harmonie.