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comme l’abeille, qui laisse son aiguillon dans la plaie. Commençons donc ; mais premièrement, rappelez-moi vos argumens, si vous vous apercevez que je les aie oubliés. Simmias, je crois, craint que l’âme, quoique plus divine et [91d] plus belle que le corps, ne périsse avant lui, comme l’harmonie avant la lyre : et Cébès a accordé, si je ne me trompe, que l’âme est bien plus durable que le corps, mais qu’on ne peut nullement savoir si, après qu’elle a usé plusieurs corps, elle ne périt pas en quittant le dernier, et si ce n’est pas là une véritable mort qui anéantit l’âme ; car, pour le corps, il ne cesse pas un seul moment de périr. N’est-ce pas là, ô Simmias et Cébès ! ce qu’il faut que nous examinions ?

[91e] Ils en tombèrent d’accord tous les deux.

Rejetez-vous donc tous les raisonnemens précédents, continua-t-il, ou en admettez-vous une partie ?

Ils dirent qu’ils en admettaient une partie.

Mais, ajouta-t-il, que pensez-vous de ce que nous avons dit, qu’apprendre n’est que se ressouvenir ? et que par conséquent c’est une nécessité que notre [92a] âme ait existé quelque part avant d’avoir été renfermée dans le corps.

Pour moi, dit Cébès, c’est une chose étonnante : combien j’en ai été d’abord convaincu,