crains bien de ne pas montrer dans cet entretien des dispositions philosophiques, mais des dispositions contentieuses, comme ces faux savans qui ne se soucient guère de la vérité de ce dont ils parlent, mais n’ont pour but que de faire adopter leurs opinions personnelles. Il me paraît qu’en ce moment, il n’y a entre eux et moi qu’une seule différence, c’est que ce ne sera pas aux assistans que je m’efforcerai de persuader mon opinion (au moins n’est-ce pas là mon but principal), mais bien plutôt de m’en convaincre fortement [91b] moi-même, car je fais ce raisonnement, et vois combien il est intéressé : si ce que je dis se trouve vrai, il est bon de le croire ; et si après la mort il n’y a rien, j’en tirerai toujours cet avantage, de ne pas fatiguer les autres de mes lamentations, pendant ce temps qui me reste à vivre. D’ailleurs cette ignorance ne durera pas long-temps, car ce serait un mal ; mais elle finira bientôt. Ainsi préparé, ô Simmias et Cébès ! je vais commencer mes preuves. Mais vous, si vous m’en croyez, [91c] faisant peu d’attention à Socrate, mais beaucoup plus à la vérité, si vous trouvez que ce que je dis soit vrai, convenez-en ; sinon, opposez-vous de toute votre force, prenant bien garde que je ne me trompe moi-même et vous en même temps, par trop de bonne volonté, et que je ne vous quitte
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