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quoi répondre, cela n’est peut-être pas étonnant le moins du monde ; mais ce que j’admirai le plus, ce fut premièrement avec quel air de satisfaction, avec quelle bienveillance, avec quelles marques d’approbation il reçut les objections de ces jeunes gens ; ensuite avec quelle promptitude il s’aperçut de l’impression qu’elles avaient faite sur nous, enfin avec quelle habileté il guérit nos frayeurs ; et, nous rappelant comme des fuyards et des vaincus, nous fit tourner tête, et nous ramena à la discussion.

ÉCHÉCRATÈS.

Comment cela ?

PHÉDON.

Je vais te le dire. J’étais assis à sa droite, [89b] à côté du lit, sur un petit siège ; et lui, il était assis plus haut que moi. Me passant donc la main sur la tête, et prenant mes cheveux, qui tombaient sur mes épaules (c’était sa coutume de jouer avec mes cheveux en toute occasion) : Demain, dit-il, ô Phédon ! tu feras couper ces beaux cheveux[1] ; n’est-ce pas ?

Apparemment, Socrate, lui dis-je.

Non pas, si tu m’en crois.

Comment ?

  1. Les Grecs se faisaient couper les cheveux après la mort de leurs amis, et les déposaient sur leur tombeau.