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capables de porter un jugement sur ces matières, ou même que ces matières pussent produire autre chose que l’incertitude.

ÉCHÉCRATÈS.

Par les dieux, Phédon, je vous le pardonne bien ; car moi-même, en t’entendant, il m’arrive de me dire [88d] à moi-même : À quelles raisons croirons-nous donc désormais, puisque celles de Socrate, qui paraissaient si décisives, ne sont pas dignes de confiance ? En effet, l’objection de Simmias, que notre âme n’est qu’une harmonie, me frappe merveilleusement et m’a toujours frappé, et elle m’a fait ressouvenir que moi-même j’avais eu la même pensée autrefois. C’est donc à recommencer pour moi, et j’ai besoin de nouvelles preuves pour être convaincu que l’âme ne meurt pas avec le corps. Dis-nous donc, par Jupiter, de quelle manière Socrate continua son discours, [88e] et si lui aussi, ainsi que tu le dis de vous autres, parut éprouver quelque peine, ou s’il soutint son opinion avec douceur, et s’il la soutint d’une manière satisfaisante. Raconte-nous tout le plus exactement que tu pourras.

PHÉDON.

Je t’assure, Échécrate, que, bien que j’aie plusieurs fois admiré Socrate, je ne le fis jamais autant qu’en cette circonstance. [89a] Qu’il eût de