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s’était fait lui-même, est mort [87d] après eux, mais, je pense, avant le dernier ; ce qui pourtant n’est pas une raison de croire qu’il est plus faible et moins durable que l’habit. Cette comparaison convient très bien à l’âme et au corps ; et en la leur appliquant on est, selon moi, fort bien reçu à dire que l’âme est un être dépositaire d’une longue durée, et que le corps est un être plus faible et moins durable ; c’est-à-dire que chaque âme use plusieurs corps, surtout si elle vit long-temps ; car si le corps est dans un état d’écoulement et de déperdition continuelle pendant que l’homme vit encore, [87e] et si l’âme renouvelle et refait sans cesse sa périssable enveloppe, il suit nécessairement que quand l’âme vient à mourir, elle en est à son dernier habit, qu’elle a usé tous les autres avant de mourir, tandis que, elle morte, le corps fait paraître aussitôt la faiblesse de sa nature, se corrompt et périt promptement. Mais n’ajoutons pas tant de foi à cette démonstration, que nous ayons une entière confiance [88a] qu’après la mort l’âme existe encore : car si l’on accordait à celui qui soutiendrait cette opinion plus encore que tu ne dis ; si on lui accordait que non-seulement l’âme existait dans le temps qui a précédé la naissance, mais que rien n’empêche que, même lorsque nous serons morts, l’âme prolonge son exis-