Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/260

Cette page a été validée par deux contributeurs.

riant : Simmias a raison, dit-il. Si quelqu’un de vous a plus de facilité que moi à répondre à ses objections, que ne le fait-il ? Car il me paraît que Simmias ne nous a pas mal attaqués. Cependant il me semble qu’il vaut mieux, avant que de lui répondre, écouter ce que Cébès [86e] a aussi à objecter, afin que nous gagnions par là du temps, pour penser à ce qu’il faut dire, et qu’après les avoir entendus tous deux, nous passions de leur côté, si nous trouvons qu’ils ont raison ; sinon, ce sera le temps de nous défendre. Dis-nous donc, Cébès, quel scrupule t’empêche de te rendre à ce que j’ai établi ?

Je m’en vais le dire, répondit Cébès ; c’est qu’il me paraît que la question en est encore au même point où elle en était, et que les mêmes objections, que nous avons faites d’abord, [87a] subsistent. Que notre âme ait existé avant que d’entrer dans le corps, je n’ai rien à dire à cela ; tu l’as très bien démontré, et, s’il m’est permis de te le dire en face, d’une manière vraiment admirable ; mais qu’elle soit encore quelque part après que nous sommes morts, c’est de quoi je ne suis pas convaincu. Ce n’est pas que je sois ébranlé par l’objection de Simmias, qui prétend que l’âme n’est point quelque chose de plus fort ni de plus durable que le corps ; non, l’âme me paraît être infiniment supérieure