Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/250

Cette page a été validée par deux contributeurs.

vraisemblablement dans les mêmes mœurs qui ont fait l’occupation de leur première existence.

Comment dis-tu cela, Socrate ?

Par exemple, ceux qui se sont abandonnés à l’intempérance, aux excès de l’amour et de la bonne chère, et qui n’ont eu aucune retenue, entrent vraisemblablement dans des corps d’ânes [82a] et d’animaux semblables : ne le penses-tu pas ?

Assurément.

Et ceux qui n’ont aimé que l’injustice, la tyrannie et les rapines, vont animer des corps de loups, d’éperviers, de faucons. Des âmes de cette nature peuvent-elles aller ailleurs ?

Non, sans doute.

Et la destinée des autres est relative à la vie qu’ils ont menée ?

Évidemment.

Comment en serait-il autrement ? Les plus heureux d’entre eux et les mieux partagés sont donc ceux qui ont exercé cette vertu [82b] sociale qu’on nomme la modération et la justice, qu’on acquiert par habitude et par exercice, sans philosophie et sans réflexion.

Comment ceux-ci seraient-ils les plus heureux ?

Parce qu’il est probable qu’ils rentreront dans une espèce analogue d’animaux paisibles et sociaux, comme des abeilles, des guêpes, des fourmis ; ou même qu’ils rentreront dans des corps hu-