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que nous venons de dire, [80b] il ne s’ensuit pas nécessairement que notre âme est très semblable à ce qui est divin, immortel, intelligible, simple, indissoluble, toujours le même, et toujours semblable à lui-même, et que notre corps ressemble parfaitement à ce qui est humain, mortel, sensible, composé, dissoluble, toujours changeant, et jamais semblable à lui-même. Y a-t-il quelque raison que nous puissions alléguer pour détruire ces conséquences, et pour faire voir qu’il n’en est pas ainsi ?

Non sans doute, Socrate.

Cela étant, ne convient-il pas au corps d’être bientôt dissous, et à l’âme de demeurer toujours indissoluble, ou à-peu-près ?

[80c] C’est une vérité constante.

Or, tu vois, reprit-il, qu’après que l’homme est mort, la partie visible de l’homme, le corps, ce qui est exposé à nos yeux, ce qu’on appelle le cadavre, à qui il convient de se dissoudre, de tomber par parties et de se dissiper, n’éprouve d’abord rien de tout cela, et se conserve assez long-temps ; et, si le mort était beau, il se conserve, dans toute sa beauté, même très long-temps ; car le corps, quand il est réduit et embaumé, comme on le fait en Égypte[1], il est

  1. HÉRODOTE, II, 87 ; DIODORE de Sicile, I, 91.