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pendant il me paraît que vous souhaitez tous deux d’approfondir davantage cette question, et que vous craignez, comme les enfans, que quand l’âme sort du corps les vents [77e] ne l’emportent, surtout quand on meurt par un grand vent.

Sur quoi Cébès se mettant à rire : Eh bien ! Socrate, prends que nous le craignons, ou plutôt que ce n’est pas nous qui le craignons, mais qu’il pourrait bien y avoir en nous un enfant qui le craignît ; tâchons donc de lui apprendre à ne pas avoir peur de la mort, comme d’un masque difforme.

Il faut, reprit Socrate, employer chaque jour des enchantemens, jusqu’à ce que vous l’ayez guéri.

[78a] Mais, Socrate, où trouverons-nous un bon enchanteur, puisque tu nous quittes ?

La Grèce est grande, Cébès, répondit Socrate, et l’on y trouve beaucoup d’habiles gens. D’ailleurs il y a bien d’autres pays que la Grèce, il faut les parcourir tous et les interroger pour trouver cet enchanteur, sans épargner ni travail ni dépense ; car il n’y a rien à quoi vous puissiez employer votre fortune plus utilement. Il faut aussi que vous le cherchiez parmi vous réciproquement ; car peut-être ne trouverez-vous personne plus capable de faire ces enchantemens que vous-mêmes.