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par quelqu’un de ses sens, pense, à l’occasion de celle-là, à une autre qu’il a oubliée, et à laquelle celle qu’il a perçue a eu quelque rapport, soit qu’elle lui ressemble, ou qu’elle ne lui ressemble point ; de manière qu’il faut nécessairement de deux choses l’une, ou que nous naissions avec ces connaissances, et que nous les conservions tous pendant la vie, ou que ceux qui, selon nous, apprennent, ne fassent que se ressouvenir, et que la science ne soit qu’une réminiscence.

Il le faut nécessairement, Socrate.

Que choisis-tu donc, Simmias ? Naissons-nous avec des connaissances, [76b] ou nous ressouvenons-nous ensuite de ce que nous connaissions déjà ?

En vérité, Socrate, je ne sais présentement que choisir.

Mais que penseras-tu, et que choisiras-tu sur ceci ? Celui qui sait peut-il rendre raison de ce qu’il sait, ou ne le peut-il pas ?

Il le peut sans aucun doute, Socrate.

Et tous les hommes te paraissent-ils pouvoir rendre raison des choses dont nous venons de parler ?

Je le voudrais bien, répondit Simmias, mais je crains fort que demain il n’y ait plus un homme capable de le faire.

[76c] Il ne te paraît donc pas, Simmias, que tous les hommes possèdent ces connaissances ?