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beau en lui-même, sur le bien, [75d] sur le juste, sur le saint, et, pour le dire en un mot, sur toutes les choses que, dans tous nos discours, nous marquons du caractère de l’existence, de sorte qu’il faut nécessairement que nous en ayons eu connaissance avant que de naître.

Cela est certain.

Et si, après avoir eu ces connaissances, nous ne venions pas à les oublier toutes les fois que nous entrons dans la vie, nous naîtrions avec la science, et nous la conserverions toute notre vie ; car savoir n’est autre chose que conserver les connaissances une fois acquises, et ne pas les perdre ; et oublier, n’est-ce pas perdre les connaissances acquises ?

[75e] Sans difficulté, Socrate.

Que si, ayant eu ces connaissances avant de naître et les ayant perdues en naissant, nous venons ensuite à les rapprendre ces connaissances que nous avions jadis, en nous servant du ministère de nos sens, ce que nous appelons apprendre, n’est-ce pas ressaisir des connaissances qui nous appartiennent, et n’aurons-nous pas raison d’appeler cela ressouvenir ?

Tout-à-fait, Socrate.

[76a] Car nous sommes convenus qu’il est très possible que celui qui a senti une chose, c’est-à-dire qui l’a vue, entendue, ou enfin perçue