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Non, certainement.

Cependant n’est-ce pas des choses égales, lesquelles sont différentes de l’égalité, que tu as tiré l’idée de l’égalité ?

C’est la vérité, Socrate, repartit Simmias.

Et quand tu conçois cette égalité, ne conçois-tu pas aussi sa ressemblance ou sa dissemblance avec les choses qui t’en ont donné l’idée ?

Assurément.

Au reste, il n’importe ; aussitôt qu’en voyant une chose, [74d] tu en conçois une autre, qu’elle soit semblable ou dissemblable, c’est là nécessairement un acte de réminiscence.

Sans difficulté.

Mais dis-moi, reprit Socrate, en présence d’arbres qui sont égaux, ou des autres choses égales dont nous avons parlé, que nous arrive-t-il ? Trouvons-nous ces choses égales comme l’égalité même ? Et que s’en faut-il qu’elles ne soient égales comme cette égalité ?

Il s’en faut beaucoup.

Nous convenons donc que lorsque quelqu’un, en voyant une chose, pense que cette chose-là, comme celle que je vois présentement devant moi, peut bien être égale à une certaine autre, [74e] mais qu’il s’en manque beaucoup, et qu’elle est loin de lui être entièrement conforme, il faut nécessairement que celui qui a cette pensée ait