Très suffisamment, Socrate.
Mais entre ces deux contraires, n’y a-t-il pas toujours un certain milieu, une double opération qui mène [71b] de celui-ci à celui-là, et ensuite de celui-là à celui-ci ? Le passage du plus grand au plus petit, ou du plus petit au plus grand, ne suppose-t-il pas nécessairement une opération intermédiaire, savoir, augmenter et diminuer ?
Oui, dit Cébès.
N’en est-il pas de même de ce qu’on appelle se mêler et se séparer, s’échauffer et se refroidir, et de toutes les autres choses ? Et quoiqu’il arrive quelquefois que nous n’ayons pas de termes pour exprimer toutes ces nuances, ne voyons-nous pas réellement que c’est toujours une nécessité absolue que les choses naissent les unes des autres, et qu’elles passent de l’une à l’autre, par une opération intermédiaire ?
Cela est indubitable.
[71c] Eh bien ! reprit Socrate, la vie n’a-t-elle pas aussi son contraire, comme la veille a pour contraire le sommeil.
Sans doute, dit Cébès.
Et quel est ce contraire ?
C’est la mort.
Ces deux choses ne naissent-elles donc pas l’une de l’autre, puisqu’elles sont contraires ; et