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Je ne pense pas au moins, reprit Socrate, que si quelqu’un nous entendait, [70c] fût-ce un faiseur de comédies, il pût me reprocher que je badine, et que je parle de choses qui ne me regardent pas[1]. Si donc tu le veux, examinons ensemble cette question. Et d’abord voyons si les âmes des morts sont dans les enfers, ou si elles n’y sont pas. C’est une opinion bien ancienne[2] que les âmes, en quittant ce monde, vont dans les enfers, et que de là elles reviennent dans ce monde, et retournent à la vie après avoir passé par la mort. S’il en est ainsi, et que les hommes, après la mort, reviennent à la vie, il s’ensuit nécessairement que les âmes [70d] sont dans les enfers pendant cet intervalle ; car elles ne reviendraient pas au monde, si elles n’étaient plus : et c’en sera une preuve suffisante si nous voyons clairement que les vivans ne naissent que des morts ; car si cela n’est point, il faut chercher d’autres preuves.

Fort bien, dit Cébès.

Mais, reprit Socrate, pour s’assurer de cette vérité, il ne faut pas se contenter de l’examiner

  1. Allusion à un reproche d’Eupolis, poète comique (OLYMP. ad Phœdon. ; PROCLUS, ad Parmenidem, lib. I, p. 50, edit. Parisien., t. IV).
  2. Dogme Pythagoricien, et même Orphique (OLYMP. ad Phœdon. — Voyez Orph. Fragm. HERMANN, p. 510).