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vous et les maîtres de ce monde, dans l’espérance que dans l’autre aussi je trouverai de bons amis et de bons maîtres, et c’est ce que le vulgaire ne peut s’imaginer. Mais je désire avoir mieux réussi auprès de vous qu’auprès de mes juges d’Athènes.

Quand Socrate eut ainsi parlé, Cébès prenant la parole, lui dit : Socrate, tout ce que tu viens de dire me semble très vrai. [70a] Il n’y a qu’une chose qui paraît incroyable à l’homme : c’est ce que tu as dit de l’âme. Il semble que lorsque l’âme a quitté le corps, elle n’est plus ; que, le jour où l’homme expire, elle se dissipe comme une vapeur ou comme une fumée, et s’évanouit sans laisser de traces : car si elle subsistait quelque part recueillie en elle-même et délivrée de tous les maux dont tu nous as fait le tableau, il y aurait une grande et belle espérance, ô [70b] Socrate, que tout ce que tu as dit se réalise ; mais que l’âme survive à la mort de l’homme, qu’elle conserve l’activité et la pensée, voilà ce qui a peut-être besoin d’explication et de preuves.

Tu dis vrai, Cébès, reprit Socrate ; mais comment ferons-nous ? Veux-tu que nous examinions dans cette conversation si cela est vraisemblable, ou si cela ne l’est pas ?

Je prendrai un très grand plaisir, répondit Cébès, à entendre ce que tu penses sur cette matière.