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Cela est comme tu le dis, Socrate.

Ainsi donc, Simmias, ce qu’on appelle la force ne convient-il pas particulièrement aux philosophes ? et la tempérance, cette vertu qui consiste à maîtriser ses passions, ne convient-elle pas particulièrement à ceux qui méprisent leur corps et qui se sont consacrés à l’étude de la sagesse ?

[68d] Nécessairement.

Car si tu veux examiner la force et la tempérance des autres hommes, tu les trouveras très ridicules.

Comment cela, Socrate ?

Tu sais, dit-il, que tous les autres hommes croient la mort un des plus grands maux.

Cela est vrai, dit Simmias.

Quand donc ils souffrent la mort avec quelque courage, ils ne la souffrent que parce qu’ils craignent un mal plus grand.

Il en faut convenir.

Et par conséquent tous les hommes ne sont courageux que par peur, excepté le seul philosophe : et pourtant il est assez absurde qu’un homme soit brave par timidité.

[68e] Tu as raison, Socrate.

N’en est-il pas de même de vos tempérans ? ils ne le sont que par intempérance : et quoique cela paraisse d’abord impossible, c’est pourtant