enfin il aspirait à connaître, il détestait le corps et désirait en être délivré. Quoi ! il y a eu beaucoup d’hommes qui, pour avoir perdu ce qu’ils aimaient sur la terre, leurs femmes, ou leurs enfans, sont descendus volontiers aux enfers, conduits par la seule espérance que là ils verraient ceux qu’ils aiment et qu’ils vivraient avec eux : et un homme qui aime véritablement la sagesse et qui a la ferme espérance de la trouver [68b] dans les enfers, sera fâché de mourir et n’ira pas avec joie dans les lieux où il jouira de ce qu’il aime ? Ah ! mon cher Simmias, il faut croire qu’il ira avec une très grande volupté, s’il est véritablement philosophe ; car il est fortement persuadé que nulle part que dans l’autre monde il ne rencontrera cette pure sagesse qu’il cherche. Cela étant, n’y aurait-il pas, comme je disais tantôt, de l’extravagance pour un tel homme à craindre la mort ?
Il y en aurait une très grande, répondit Simmias.
Et par conséquent, continue Socrate, toutes les fois que tu verras un homme se fâcher et reculer quand il est sur le point de mourir, c’est une marque sûre que c’est un homme qui n’aime pas [68c] la sagesse, mais le corps ; et qui aime le corps, aime l’argent et les honneurs, l’un des deux ou tous les deux ensemble.