vis-à-vis d’elle-même, affranchie du corps comme d’une chaîne ?
C’est tout-à-fait cela, Socrate.
Et cet affranchissement de l’âme, cette séparation d’avec le corps, n’est-ce pas là ce qu’on appelle la mort ?
Oui, dit Simmias.
Mais ne disions-nous pas que c’est là ce que se propose particulièrement le vrai philosophe ? L’affranchissement de l’âme, sa séparation d’avec le corps, n’est-ce pas là l’occupation même du philosophe ?
Il me semble.
Ne serait-ce donc pas, comme je le disais en commençant, une chose très ridicule, qu’un homme [67e] s’exerce toute sa vie à vivre comme s’il était mort, et qu’il se fâche quand la mort arrive ? Ne serait-ce pas bien ridicule ?
Assurément.
Il est donc certain, Simmias, que le véritable philosophe s’exerce à mourir, et que la mort ne lui est nullement terrible. En effet, penses-y : s’il déteste le corps et aspire à vivre de la vie seule de l’âme, et si quand ce moment arrive, il le repousse avec effroi et avec colère, n’y a-t-il point une contradiction honteuse [68a] à n’aller pas très volontiers où l’on espère obtenir les biens après lesquels on a soupiré toute sa vie ? car