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moins nos Thébains, sans aucun doute, que ceux qui s’occupent de philosophie se passionnassent tellement pour la mort, qu’ils mourussent en effet, sachant bien, diraient-ils, que c’est là le sort qu’ils méritent.

Et ils diraient assez vrai, Simmias, reprit Socrate, sauf ceci, qu’ils le savent bien : car il n’est pas vrai qu’ils sachent ni en quel sens les philosophes souhaitent la mort, ni en quel sens ils la méritent, ni quelle mort. [64c] Mais laissons-les là et parlons entre nous. La mort nous paraît-elle quelque chose ?

Oui, certes, repartit Simmias.

N’est-ce pas la séparation de l’âme et du corps, de manière que le corps demeure seul d’un côté, et l’âme seule de l’autre ? N’est-ce pas là ce qu’on appelle la mort ?

C’est cela même, dit Simmias.

Vois donc, mon cher, si tu penseras comme moi ; [64d] car du principe que nous allons admettre dépend en partie, selon moi, le problème que nous agitons. Dis-moi, te paraît-il qu’il soit d’un philosophe de rechercher ce qu’on appelle le plaisir, par exemple, celui du boire et du manger ?

Point du tout, Socrate, répondit Simmias.

Et les plaisirs de l’amour ?

Nullement.