Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, I et II.djvu/203

Cette page a été validée par deux contributeurs.

donner la mort ? J’ai bien ouï dire à Philolaüs quand il était parmi nous, et à plusieurs autres encore, que cela n’était pas permis ; mais je n’ai jamais rien entendu qui me satisfît à cet égard. [62a] — Il ne faut pas te décourager, reprit Socrate ; peut-être seras-tu plus heureux aujourd’hui. Mais il pourra te sembler étonnant qu’il n’en soit pas de ceci comme de tout le reste, et qu’il faille admettre d’une manière absolue que la vie est toujours préférable à la mort, sans aucune distinction de circonstances et de personnes ; ou, si une telle rigueur paraît excessive, et si l’on admet que la mort est quelquefois préférable à la vie, il pourra te sembler étonnant qu’alors même on ne puisse, sans impiété se rendre heureux soi-même, et qu’il faille attendre un bienfaiteur étranger. — Mais un peu dit Cébès en souriant et parlant à la manière de son pays[1]. [62b] — En effet, reprit Socrate, cette opinion a bien l’air déraisonnable, et cependant elle n’est peut-être pas sans raison. Je n’ose alléguer ici cette maxime enseignée dans les mystères[2], que nous sommes ici-bas comme dans un poste, et qu’il nous est défendu de le quitter sans permission. Elle est

  1. ἴσσω Ζεύς, Jupiter le sait, formule béotienne, pour exprimer l’affirmative.
  2. Les mystères Orphiques (OLYMPIOD. ad Phædon).