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Evenus voudra me suivre, lui et tout homme qui s’occupera dignement de philosophie. Seulement il pourra bien ne pas précipiter lui-même le départ ; car on dit que cela n’est pas permis. En disant ces mots, il s’assit sur le bord de son lit, [61d] posa les pieds à terre, et parla dans cette position tout le reste du jour.

Comment l’entends-tu donc, Socrate, lui demanda Cébès ? il n’est pas permis d’attenter à sa vie, et le philosophe doit vouloir suivre celui qui quitte la vie ? — Eh quoi, Cébès ! ni Simmias ni toi, vous n’avez entendu traiter cette question, vous qui avez vécu avec Philolaüs[1]. — Jamais à fond, Socrate. — Je n’en sais moi-même que ce qu’on m’en a dit. Cependant je ne vous cacherai pas ce que j’en ai appris. Aussi bien est-il peut-être [61e] fort convenable que sur le point de partir d’ici, je m’enquière et m’entretienne avec vous du voyage que je vais faire, et que j’examine quelle idée nous en avons. Que pourrions-nous faire de mieux jusqu’au coucher du soleil[2] ? — Sur quoi se fonde-t-on, Socrate, quand on prétend qu’il n’est pas permis de se

  1. De Crotone, Pythagoricien. Echappé seul avec Hipparque au désastre de l’école Pythagoricienne, il vint à Thèbes, où son maître Lysis était mort (OLYMPIOD, ad Phædon).
  2. La loi athénienne défendait de mettre à mort pendant le jour (OLYMPIOD, ad Phœdon).