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damnation et pendant l’intervalle que me laissait la fête du dieu, je pensai que si par hasard c’était aux beaux-arts dans le sens ordinaire que les songes m’ordonnaient de m’appliquer, il ne fallait pas leur désobéir, et qu’il était plus sûr pour moi de ne quitter la vie qu’après avoir satisfait aux dieux, [61b] en composant des vers suivant l’avertissement du songe. Je commençai donc par chanter le dieu dont on célébrait la fête ; ensuite, faisant réflexion qu’un poète, pour être vraiment poète, ne doit pas composer des discours en vers, mais inventer des fictions, et ne me sentant pas ce talent, je me déterminai à travailler sur les fables d’Ésope, et je mis en vers celles que je savais, et qui se présentèrent les premières à ma mémoire. Voilà, mon cher Cébès, ce que tu diras à Evenus. Dis-lui encore de se bien porter, et s’il est sage, de me suivre. [61c] Car c’est apparemment aujourd’hui que je m’en vais, puisque les Athéniens l’ordonnent.

Alors Simmias : Eh ! Socrate, quel conseil donnes-tu là à Evenus. Vraiment, je me suis souvent trouvé avec lui ; mais, à ce que je puis connaître, il ne se rendra pas très volontiers à ton invitation.

Quoi, repartit Socrate, Evenus n’est-il pas philosophe ?

Je le crois, répondit Simmias. — Eh bien donc,