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tu ne les as contractés ni par force, ni par surprise, ni sans avoir eu le temps d’y penser ; mais voilà bien soixante-dix années pendant lesquelles il t’était permis de te retirer, si tu n’étais pas satisfait de nous, et si les conditions du traité ne te paraissaient pas justes. Tu n’as préféré ni Lacédémone, ni la Crète, dont tous les jours tu vantes le gouvernement, ni aucune autre ville grecque ou étrangère ; tu es même beaucoup moins sorti d’Athènes que les boiteux, les aveugles, et les autres estropiés ; tant il est vrai que tu as plus aimé que tout autre Athénien, et cette ville, et nous aussi apparemment, car qui pourrait aimer une ville sans lois ? Et aujourd’hui, tu serais infidèle à tes engagements ! Non, si du moins tu nous en crois, et tu ne t’exposeras pas à la dérision en abandonnant ta patrie ; car, vois un peu, nous te prions, si tu violes tes engagements et commets une faute pareille, quel bien il t’en reviendra à toi et à tes amis. Pour tes amis, il est à-peu-près évident qu’ils seront exposés au danger, ou d’être bannis et privés du droit de cité, ou de perdre leur fortune ; et pour toi, si tu te retires dans quelque ville voisine, à Thèbes ou à Mégare, comme elles sont bien policées tu y seras comme un ennemi ; et tout bon citoyen t’y aidera d’un œil de défiance, te prenant pour un cor-