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et quand nous nous bornons à proposer, au lieu de commander tyranniquement, quand nous allons jusqu’à laisser le choix ou d’obéir ou de nous convaincre d’injustice, lui, il ne fait ni l’un ni l’autre. Voilà, Socrate, les accusations auxquelles tu t’exposes, si tu accomplis le projet que tu médites ; et encore seras‑tu plus coupable que tout autre citoyen. » Et si je leur demandais pour quelles raison, peut-être me fermeraient‑elles la bouche, en me rappelant que je me suis soumis plus que tout autre à ces conditions que je veux rompre aujourd’hui ; et nous avons, me diraient‑elles, de grandes marques que nous et la République nous étions selon ton cœur, car tu ne serais pas resté dans cette ville plus que tous les autres Athéniens, si elle ne t’avait été plus agréable qu’à eux tous. Jamais aucune des solennités de la Grèce n’a pu te faire quitter Athènes, si ce n’est une seule fois que tu es allé à l’Isthme de Corinthe[1] ; tu n’es sorti d’ici que pour aller à la guerre ; tu n’as jamais entrepris aucun voyage, comme c’est la coutume de tous les hommes, tu n’as jamais eu la curiosité de voir une autre ville, de connaître d’autres lois ; mais nous t’avons toujours suffi, nous

  1. C’est là qu’on célébrait les jeux Isthmiques en l’honneur de Neptune.