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et, en agissant ainsi, tu croiras bien faire, toi qui as réellement consacré ta vie à l’étude de la vertu ! Ou ta sagesse va-t-elle jusqu’à ne pas savoir que la patrie a plus droit à nos respects et à nos hommages, qu’elle est et plus auguste et plus sainte devant les dieux et les hommes sages, qu’un père, qu’une mère et tous les aïeux ; qu’il faut respecter la patrie dans sa colère, avoir pour elle plus de soumission et d’égards que pour un père, la ramener par la persuasion ou obéir à ses ordres, souffrir, sans murmurer, tout ce qu’elle commande de souffrir ! fût‑ce d’être battu ou chargé de chaînes ; que, si elle nous envoie à la guerre pour y être blessés ou tués, il faut y aller ; que le devoir est là ; et qu’il n’est permis ni de reculer, ni de lâcher pied, ni de quitter son poste ; que, sur le champ de bataille, et devant le tribunal et partout, il faut faire ce que veut la république, ou employer auprès d’elle les moyens de persuasion que la loi accorde ; qu’enfin si c’est une impiété de faire violence à un père et à une mère, c’en est une bien plus grande de faire violence à la patrie ? » Que répondrons‑nous à cela, Criton ? reconnaîtrons‑nous que les Lois disent la vérité.

Criton.

Le moyen de s’en empêcher ?