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établi. Examine encore ceci, je te prie : Le principe, que l’important n’est pas de vivre, mais de bien vivre, est‑il changé, ou subsiste‑t‑il ?

Criton.

Il subsiste.

Socrate.

Et celui‑ci, que bien vivre, c’est vivre selon les lois de l’honnêteté et de la justice, subsiste-t‑il aussi ?

Criton.

Sans doute.

Socrate.

D’après ces principes, dont nous convenons tous deux, il faut examiner s’il est juste ou non d’essayer de sortir d’ici sans l’aveu des Athéniens : si ce projet nous paraît juste, tentons‑le ; sinon, il y faut renoncer ; car pour toutes ces considérations que tu m’allègues, d’argent, de réputation, de famille, prends garde que ce soient là des considérations de ce peuple qui vous tue sans difficulté, et ensuite, s’il le pouvait, vous rappellerait à la vie avec aussi peu de raison. Songe que, selon les principes que nous avons établis, tout ce que nous avons à examiner, c’est, comme nous venons de le dire, si, en donnant de l’argent à ceux qui me tireront d’ici, et en contractant envers eux des obligations, nous nous conduirons suivant la justice, ou si, eux et nous,