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principe prouve à quel point Socrate était jaloux du titre de bon citoyen, et quel prix attachaient ses disciples à dissimuler et à couvrir, en quelque sorte, la désobéissance réelle de leur maître à la partie religieuse de la constitution athénienne, sous l’appareil de ses vertus civiques et de son absolu dévoûment aux lois. À proprement parler, le Criton est un complément de l’Apologie. En effet, quoique Socrate évitât les affaires publiques, la patrie ne l’appela jamais sans le trouver docile et fidèle. Guerrier intrépide, juge impartial, également inébranlable aux menaces des Trente, et aux clameurs de la multitude, il se conduisit toujours en bon et loyal serviteur de la république. Aujourd’hui même que les lois de cette république qu’il a toujours aimée et servie, le condamnent injustement à mourir, plutôt que de leur manquer, il meurt ; il s’abandonne tout entier à la loi ; il ne réserve que sa conscience.