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Je n’en serais pas surpris, car au moment où tu parles, je fais réflexion que chacun de nous [370b] n’apporte pas en naissant les mêmes dispositions ; que les uns sont propres à faire une chose, les autres à faire une autre. Qu’en penses-tu ?

Je suis de ton avis.

Les choses en iraient-elles mieux si un seul faisait plusieurs métiers, ou si chacun se bornait au sien ?

Si chacun se bornait au sien.

Il est encore évident, ce me semble, qu’une chose est manquée lorsqu’elle n’est pas faite en son temps.

Oui.

Car l’ouvrage n’attend pas la commodité de l’ouvrier ; mais c’est à l’ouvrier à s’occuper [370c] de l’ouvrage quand il le faut.

Sans contredit.

D’où il suit qu’il se fait plus de choses, qu’elles se font mieux et plus aisément, lorsque chacun fait celle à laquelle il est propre, dans le temps marqué, et sans s’occuper de toutes les autres.

Assurément.

Ainsi il nous faut plus de quatre citoyens pour les besoins dont nous venons de parler. Si nous voulons, en effet, que tout aille bien, [370d] le laboureur ne doit pas faire lui-même sa charrue,