la mort, comme le disent à la fois et le peuple et les sages ? Après tout ce que je viens de dire, [366c] Socrate, comment un homme qui a quelque vigueur d’ame et de corps, des richesses ou de la naissance, pourra-t-il se résoudre, je ne dis pas à embrasser le parti de la justice, mais à ne pas rire des éloges qu’on lui donnera en sa présence ? Bien plus, je suppose que quelqu’un puisse démontrer la fausseté de tout ce que j’ai dit et croie par de bonnes raisons que la justice est le plus grand des biens, loin de s’irriter contre l’homme injuste, il trouve beaucoup de motifs pour l’excuser. Il sait qu’à l’exception de ceux à qui l’excellence de leur nature inspire une horreur naturelle pour le mal ou qui s’en abstiennent [366d] parce que la science les éclaire, personne ne s’attache par choix à la justice, et que si on blâme l’injustice, c’est que la lâcheté, la vieillesse ou quelque autre infirmité, mettent dans l’impuissance de la commettre. La preuve en est qu’entre des hommes qui sont dans ce cas, le premier qui reçoit le pouvoir d’être injuste est le premier à en user, autant qu’il dépend de lui.
Tout ce malentendu n’a d’autre cause que celle même qui a provoqué, de la part de mon frère et de la mienne, la discussion que nous avons avec toi, Socrate : [366e] je veux dire qu’à commencer par les anciens héros dont les discours se