s’ils ne se mêlent point des choses d’ici-bas, peu m’importe [365e] qu’ils me connaissent ou non pour ce que je suis. Et s’il y en a et s’ils s’occupent des hommes, je ne le sais que par ouï-dire et par les poètes qui ont fait la généalogie de ces dieux. Or, ces mêmes poètes m’apprennent aussi qu’on peut les fléchir et détourner leur colère par des sacrifices, des prières et des offrandes. Il faut les croire en tout, ou ne les croire en rien. S’il faut les croire, je serai injuste et du fruit de mes injustices je ferai aux dieux [366a] des sacrifices. Juste, je n’aurais pas à craindre leur vengeance, mais aussi je perdrais le profit attaché à l’injustice : injuste, j’ai d’abord un profit assuré ; ensuite tout coupable que je suis, en adressant des supplications aux dieux, je les gagne et j’échappe au châtiment. Mais je serai puni aux enfers dans ma personne ou dans celle de mes descendans, pour le mal que j’aurai fait sur la terre ? Il est, répondra un homme qui raisonne, il est des purifications qui ont un grand pouvoir ; il est des dieux libérateurs, [366b] s’il faut en croire de grands états et les poètes, enfans des dieux et prophètes inspirés. Pour quelle raison m’attacherais-je donc encore à la justice de préférence à l’injustice, puisque je n’ai qu’à couvrir celle-ci de belles apparences pour que tout me réussisse à souhait auprès des dieux et auprès des hommes pendant la vie et après
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